Paul Huang, Helen Huang - Mirrors (2025) [Hi-Res]

Le second album chez naïve du violoniste Paul Huang et de la pianiste Helen Huang qui rassemblent ici, en miroir, deux sonates incontournables de leur répertoire, composées au cours de la première moitié du XXe siècle par Francis Poulenc (1899-1963) et Sergei Prokofiev (1891-1953).

Paul Huang et Helen Huang explorent depuis maintenant une décennie le répertoire pour violon et piano. La tentation d’un bilan de leur fructueuse et épanouissante collaboration s’est transformée en un ingénieux jeu de miroirs. Le titre de ce second album pour naïve ne relève pas du hasard, les deux musiciens multiplient les mises en perspective. Ce nouvel enregistrement se concentre en premier lieu sur deux sonates composées par Francis Poulenc (1942-1943) et Sergei Prokofiev (1938-1946) durant le second grand conflit mondial qu'a connu le XXe siècle, respectivement en ouverture et final de cet album. Entre les deux, Spiegel im Spiegel d’Arvo Pärt (1978), une page aux lignes éthérées, un moment d’introspection et de calme qui devient un espace propice à la contemplation et à la réflexion que commandait ce programme dense et anguleux.

Poulenc compose sa Sonate en réponse au fascisme et la dédie à la mémoire du poète espagnol Federico García Lorca, abattu en 1936 au cours de la Guerre civile espagnole. Le compositeur imagine des mélodies fugaces, ponctuées de contrastes audacieux. L'irrégularité des phrases, les pauses soudaines tout au long du discours, les moments de fantaisie espiègle entrelacés dans les instants de discorde, veulent retranscrire le tourbillon autant émotionnel que sociétal que fut la Guerre, jusqu'à ces pizzicatos de violon en fin de mouvement évoquant aussi bien les balles d'un fusil que la guitare, cet instrument phare du pays de Lorca. La guerre nourrit aussi l'inspiration de Prokofiev, dans le vacarme abrasif et angoissé de la bataille qu'imite le second mouvement, dans la berceuse du troisième mouvement qui rêve d’un avenir meilleur, comme dans la danse folklorique, vive, joyeuse, en réalité si dramatique que son climax est une métaphore du chaos.