Alex Beaupain - BO (2014)

Belle initiative de réunir dans un livre-disque de deux CD, la quintessence du travail d'Alex Beaupain pour les films de son ami Christophe Honoré. La fusion est tellement totale entre les images de celui-ci et la musique de celui-là que le fruit d'une telle complicité se devait d'être regroupé pour en faciliter l'accès à l'auditeur ravi de l'aubaine. BO permet de constater combien les chansons d'Alex Beaupain sont figuratives et arrivent à elles seules à projeter sur la toile d'un inconscient ébahi les ambiances captées par la caméra de Christophe Honoré.

Ce n'est pas pour rien qu'Alex Beaupain a reçu un César pour la musique du film Les chansons d'amour en 2008 et a été nommé à deux autres reprises dans cette catégorie. Il possède en effet cette French touch si particulière en matière de relation musique/cinéma qui va des Parapluies de Cherbourg à François Ozon, sans oublier les incursions de Serge Gainsbourg dans ce domaine.

La transition est d'ailleurs idéalement servie par Catherine Deneuve qui, ne pouvant plus fumer de havanes avec Dieu, ne se gêne pas pour entonner « Je ne peux vivre sans t'aimer » avec la conviction qu'ont celles qui ont tant usé de leur charme. Toujours pétulante, Ludivine Sagnier ne se fait pas priée pour jouer avec les images de la chanson « Les chiens ne font pas des chats ». Louis Garrel est très pince-sans-rire dans le mélo provincial un peu suranné qui a lieu à « Reims », capitale des bulles dorées qui rendent les femmes si spirituelles. En sus de ces chansons toutes plus incontournables les unes que les autres, BO offre dix inédits, majoritairement des instrumentaux, qui évoquent des clubs de jazz déserts aux lourdes tentures rouges et à l'orchestre rongé de nostalgie sur l'estrade.

Loin d'être en marge du travail d'Alex Beaupain, ses incursions nombreuses dans la musique de film font partie intégrante de son oeuvre. Mieux, elles contribuent à la grandir et à en élargir le champs d'action. BO que l'on peut entendre comme Beau, en facilite le constat de manière la plus exhaustive possible avec la même élégance que le musicien a mis à composer ces thèmes de premier choix.