Francoise Fabian - L'heure d'un rendez-vous (2024)

Une comédienne fan de chanson et un musicien accro au cinéma : la rencontre entre Françoise Fabian et Léonard Lasry était inévitable. Six ans après le succès de son premier album éponyme (à l’âge de 85 ans !), l’héroïne de Ma Nuit chez Maud d’Éric Rohmer reprend le chemin des studios pour une série de chansons composées par Lasry, donc, et écrites par Élisa Point. Depuis quelques années, Point et Lasry se sont « spécialisés » dans les albums d’actrices mythiques, leurs deux principaux trophées étant Charlotte Rampling et Fanny Ardant. La couleur latino et trépidante de la chanson d’ouverture, Tant que je n'y pense pas, est une manière de souligner la vitalité intacte d’une Françoise Fabian désormais nonagénaire.

Même si l’ambiance de l’album est loin d’être crépusculaire, certaines chansons ne peuvent éviter de flirter avec une certaine nostalgie : L'enfer sera mon autre ciel est un clin d’œil à l’un des films marquants de l’actrice (Raphael ou le débauché de Michel Deville, 1971), tandis que J’étais en enfance a de faux airs du Maintenant je sais de Jean Gabin. François Fabian arrive à un âge où il faut se dire les choses, ce qu’une chanson comme Obscène exprime avec justesse. Elle chante également l’élan vital (Ce grand feu intérieur) et, sur un air de tango, part à la rencontre de ses fantômes durant ses nuits blanches (Insomnia). La dernière chanson de l’album, L’Heure d’un rendez-vous, met en scène une Françoise Fabian qui, pour ses derniers soirs, souhaite profiter de la vie avec la spontanéité qui l’a toujours caractérisée. Ce qu’elle exprime par cette ultime requête : « Si l’on plongeait tout habillé ? »