LaFrange - nobody else will ever see me naked (2023) Hi-Res

Je pense que ma phrase fétiche vous est enfin rentrée dans la tête. Un Soundbombing n’est pas un vrai Soundbombing tant qu’il n’y a LaFrange. Et c’est vrai que notre artiste préférée a longtemps squatté nos sélectas, à un tel point que sans elle, ce serait un demi-Soundbombing ou un quart de Soundbombing. Autrice de deux sublimes EPs que sont Everything’s Fine en 2021 (chroniqué ici) et Sad Love Songs l’année suivante (chroniqué ici), la bedroom-folk de cette jeune artiste nous a touché en plein cœur à chaque fois. Forcément, son premier long-format était vivement attendu et il se nomme nobody else will ever see me naked.

Après avoir chroniqué ses histoires d’amour adolescentes aux issues quelque peu malheureuses à la portée universelle, LaFrange ira plus loin dans son introspection. À l’image de la pochette, elle se met à nu afin de montrer sa vulnérabilité et les vilains nuages qui la pourchassent depuis tant de temps. La pluie s’abat sur son esprit qui est caractérisé par ce riff électrique obsédant qui ouvre le premier titre qu’est « would you ? » avant que l’accalmie acoustique n’intervienne tout comme l’interprétation vibrante de notre hôtesse et chasse les orages pour une sublime ritournelle rappelant plus Julia Jacklin que Told Slant.

C’est l’occasion pour LaFrange de chasser les fantômes qui l’ont longtemps hanté sur des ballades dépouillées telles que « sleeping with a ghost » relatant un ancien amour toxique qui la tourmente tout comme sur « baby blue » et « inside my head ». La bedroom-folk lo-fi prendra également une tournure plus expansive (sans oublier les contributions de Lou Maréchal de Heu aux choeurs et à la guitare, Zoé Gillbert de HOORSEES à la basse ainsi que de Carlos Popoulos à la guitare) avec « god help the girl » en compagnie de Léo Felix qui est une belle référence à la comédie musicale de Stuart Murdoch relatant une jeune femme qui se bat contre ses démons intérieurs ou bien avec « please don’t die » rappelant quelque peu Cocteau Twins.

Beaucoup de surprises sont à prévoir comme les sonorités électroniques vaporeuses de « ta peau » comparant la sexualité à une drogue (« J’ai de ta peau sous mes os/De tes larmes acides dans mon regard sombre/De ton corps reste mes os/De ton âme rien que moi et les ombres », chante-t-elle) ou encore plus dansantes et solaires avec « friends » dédié aux amis qui sont restés et les influences dignes de The War On Drugs sur « those who want to be seen » qui est un véritable hymne à l’attention whorisme. Mais toujours est-il que LaFrange n’a pas fini de nous émouvoir jusqu’au bout avec d’autres ballades déchirantes comme « meet me on the road » et « inside my head » avec son crescendo vocal frémissant avant de régler ses comptes une bonne fois pour toutes sur le touchant « i wish you died » qui pourrait aussi être dirigé vers ses amours du passé lui ayant causé du tort. Mais le texte peut porter un double-sens, celle où elle souhaiterait voir ses angoisses, sa tristesse et sa dépression mourir sous ses yeux afin qu’elle puisse enfin accueillir le bonheur et la paix intérieure qu’elle désire tant. Car oui, nobody else will ever see me naked est une profonde introspection dans les tréfonds de son âme où ressurgit de la beauté fragile qui éclate au grand jour.