Arno - À La Française (1995)

Tout le monde connaît plus ou moins Arno, le "Gainsbourg belge", dont les apparitions déjantées à la télévision (notamment chez Drucker) ont souvent interpellé le grand public. On connaît peut-être moins sa musique, un rock bastringue aux frontières du punk et de la chanson, éructé d'une voix rocailleuse et usée par la vie. Une discographie touffue et inégale, où le rocker flamand alterne entre la langue de Shakespeare et celle de Molière. En 1995, Arno va sortir son chef-d'oeuvre, son album-somme, explicitement intitulé "A la française", véritable échantillon de sa musique dans ce qu'elle a de meilleur. Une poignée de titres accrocheurs et mémorables attirent l'attention: "Depuis ce jour-là", "Les yeux de ma mère", "Marie tu m'as", "La danseuse de java", écrits par Arno. Mais ce disque est aussi l'occasion pour le Belge de rendre hommage à ses influences et à son pays, à travers deux reprises hallucinantes et transfigurées: "Le bon dieu", de son célèbre compatriote Brel, et "Comme à Ostende", chef-d'oeuvre de Ferré et Caussimon qui évoque la ville natale d'Arno. Ailleurs, "Elle pense à lui", l'un des meilleurs morceaux du disque, est signé Charlélie Couture (cousin d'Arno dans le paysage rock francophone). Enfin, les auditeurs les plus avertis remarqueront "Je ne veux pas être grand", clin d'oeil appuyé du chanteur d'Ostende à son idole d'Amérique Tom Waits.
"Arno à la française" est un album complet et sans faille, l'un des meilleurs du rock européen contemporain.