Shannon Mercer, La Nef - Trobairitz: Poems of Women Troubadours (2013) [Hi-Res]
BAND/ARTIST: Shannon Mercer, La Nef
- Title: Trobairitz: Poems of Women Troubadours
- Year Of Release: 2013
- Label: Groupe Analekta, Inc.
- Genre: Classical, Chamber
- Quality: flac lossless (tracks) / flac 24bits - 96.0kHz +Booklet
- Total Time: 00:58:25
- Total Size: 321 mb / 1.16 gb
- WebSite: Album Preview
Tracklist
01. Na Carenza (Lady Carenza)
02. Mout avetz fach (You've Let a Long Time Slip Away)
03. Carcassonne
04. Na Maria (Lady Maria)
05. Ar em al freg temps vengut (Now We Have Come to the Winter)
06. Dança Vint
07. Gui d'Ussel
08. En greu esmay (In Grave Distress)
09. Estampie de Languedoc
10. Ja de chantar (I Should Never Have the Wish to Sing)
11. Carola Ostinata
12. Fin joi me don'alegranssa (Pure Joy Makes Me Happy)
La première fois que j’ai entendu parler des trobairitz (ou troubadouresses), j’ai été intrigué : des femmes écrivant avec une aussi grande liberté d’expression aux 12e et 13e siècles, pensez-y. Je me suis demandé comment, à l’époque, le contexte social et politique du sud de la France avait permis cette liberté d’expression. Était-ce la faiblesse du gouvernement central ?
La monarchie française n’avait que peu d’emprise sur le sud du pays alors. Chaque suzerain local avait en comparaison plus de pouvoir sur sa seigneurie et était donc moins redevable envers le pape et l’Église. C’est sans doute la raison pour laquelle une grande partie du contenu de ces textes aurait été désavouée par l’Église et le serait encore aujourd’hui.
Les femmes ont peut-être toujours pensé et écrit sur ces sujets et le hasard a voulu que ces fragments de répertoire aient perduré. Ces femmes pouvaient s’exprimer, leur poésie était chantée, et cela nous renseigne sur la société dans laquelle elles vivaient.
Les trobairitz étaient principalement des femmes de la noblesse : femmes et filles de ducs et de comtes régnants. Elles étaient aussi souvent les maîtresses de troubadours, rarement issus de la noblesse. Cette proximité avec différentes couches de la société leur a peut-être permis d’avoir une vision plus claire du monde dans lequel elles vivaient.
Ce que nous savons de la vie des trobairitz provient en partie de courtes introductions biographiques à leurs poèmes. Ces introductions, appelées vidas, étaient souvent rédigées longtemps après leur disparition et ne sont pas vraiment fiables. Par exemple, Beatriz de Dia était l’épouse de Guillaume de Poitiers, comte de Vienne, mais elle était aussi la maîtresse de Raimbaut d’Aurenga ; certains poèmes attribués à ce dernier auraient été écrits par la troubadouresse. La rumeur veut qu’Azalaïs de Porcairagues ait été la maîtresse de Gui Guerrejat, le frère de Guillaume VII, comte de Montpellier.
Les poèmes en occitan (langue d’oc) que j’ai choisis de mettre en musique reflètent des thèmes comme l’amour (parfois adultérin ou lesbien), la réponse aux attentes face au mariage et à la maternité, les rôles dans les rapports humains et les moeurs politiques. J’ai travaillé ces chansons en me basant sur la façon dont les troubadours et les troubadouresses utilisaient des mélodies populaires pour chanter leurs poèmes : chaque poème étant chanté sur différentes mélodies et chaque mélodie servant à chanter de nombreux poèmes.
Je n’ai pas réalisé une mise en musique des poèmes, bien que mes compositions aient des points en commun avec cette technique : accompagnement de forme non strophique ou composition ouverte et complète de la mélodie, par exemple. Bien qu’inspirées par le caractère du texte, les mélodies que j’ai écrites peuvent être utilisées pour toutes sortes de poèmes. Certaines pourraient être adaptées en rythmes de danse. D’autres sont adaptées de pièces instrumentales.
La présence de cette séparation conceptuelle entre la poésie et la musique, de même que l’époque à laquelle ces textes ont été écrits, justifient que cette poésie existe toujours, sans musique, et je pense qu’il est approprié de poursuivre cette tradition. Dans ces compositions, je n’ai pas essayé d’être fidèle à l’histoire. Il y a si peu d’indices de ce que donnaient ces chansons il y a 800 ans, que tenter de recréer ce qui aurait pu s’entendre à l’époque ne pouvait qu’être hasardeux et discutable.
Pour la composition de ces chansons, je me suis servi de mon expérience d’interprète de musique médiévale authentique comme source d’inspiration, mais j’ai aussi puisé dans mon expérience d’interprète de musiques populaires de différentes cultures et dans mes origines ethniques libanaise et écossaise. Je pense que le style de ces pièces reflète l’époque et le lieu où nous vivons : 2013 à Montréal.
Je veux remercier tous les musiciens impliqués dans ce projet de leur soutien et de leur goût de l’aventure. Je veux aussi remercier La Nef, la Fondation Arte Musica et Analekta de m’avoir fait confiance et permis de réaliser ce projet. Merci également à Shannon Mercer d’avoir accepté de se lancer dans cette tâche colossale. Je me sens privilégié d’être aussi bien entouré. Ce projet est l’aboutissement de près de huit années de recherche et de composition. J’espère que le résultat rend justice aux trobairitz et à leur poésie.
01. Na Carenza (Lady Carenza)
02. Mout avetz fach (You've Let a Long Time Slip Away)
03. Carcassonne
04. Na Maria (Lady Maria)
05. Ar em al freg temps vengut (Now We Have Come to the Winter)
06. Dança Vint
07. Gui d'Ussel
08. En greu esmay (In Grave Distress)
09. Estampie de Languedoc
10. Ja de chantar (I Should Never Have the Wish to Sing)
11. Carola Ostinata
12. Fin joi me don'alegranssa (Pure Joy Makes Me Happy)
La première fois que j’ai entendu parler des trobairitz (ou troubadouresses), j’ai été intrigué : des femmes écrivant avec une aussi grande liberté d’expression aux 12e et 13e siècles, pensez-y. Je me suis demandé comment, à l’époque, le contexte social et politique du sud de la France avait permis cette liberté d’expression. Était-ce la faiblesse du gouvernement central ?
La monarchie française n’avait que peu d’emprise sur le sud du pays alors. Chaque suzerain local avait en comparaison plus de pouvoir sur sa seigneurie et était donc moins redevable envers le pape et l’Église. C’est sans doute la raison pour laquelle une grande partie du contenu de ces textes aurait été désavouée par l’Église et le serait encore aujourd’hui.
Les femmes ont peut-être toujours pensé et écrit sur ces sujets et le hasard a voulu que ces fragments de répertoire aient perduré. Ces femmes pouvaient s’exprimer, leur poésie était chantée, et cela nous renseigne sur la société dans laquelle elles vivaient.
Les trobairitz étaient principalement des femmes de la noblesse : femmes et filles de ducs et de comtes régnants. Elles étaient aussi souvent les maîtresses de troubadours, rarement issus de la noblesse. Cette proximité avec différentes couches de la société leur a peut-être permis d’avoir une vision plus claire du monde dans lequel elles vivaient.
Ce que nous savons de la vie des trobairitz provient en partie de courtes introductions biographiques à leurs poèmes. Ces introductions, appelées vidas, étaient souvent rédigées longtemps après leur disparition et ne sont pas vraiment fiables. Par exemple, Beatriz de Dia était l’épouse de Guillaume de Poitiers, comte de Vienne, mais elle était aussi la maîtresse de Raimbaut d’Aurenga ; certains poèmes attribués à ce dernier auraient été écrits par la troubadouresse. La rumeur veut qu’Azalaïs de Porcairagues ait été la maîtresse de Gui Guerrejat, le frère de Guillaume VII, comte de Montpellier.
Les poèmes en occitan (langue d’oc) que j’ai choisis de mettre en musique reflètent des thèmes comme l’amour (parfois adultérin ou lesbien), la réponse aux attentes face au mariage et à la maternité, les rôles dans les rapports humains et les moeurs politiques. J’ai travaillé ces chansons en me basant sur la façon dont les troubadours et les troubadouresses utilisaient des mélodies populaires pour chanter leurs poèmes : chaque poème étant chanté sur différentes mélodies et chaque mélodie servant à chanter de nombreux poèmes.
Je n’ai pas réalisé une mise en musique des poèmes, bien que mes compositions aient des points en commun avec cette technique : accompagnement de forme non strophique ou composition ouverte et complète de la mélodie, par exemple. Bien qu’inspirées par le caractère du texte, les mélodies que j’ai écrites peuvent être utilisées pour toutes sortes de poèmes. Certaines pourraient être adaptées en rythmes de danse. D’autres sont adaptées de pièces instrumentales.
La présence de cette séparation conceptuelle entre la poésie et la musique, de même que l’époque à laquelle ces textes ont été écrits, justifient que cette poésie existe toujours, sans musique, et je pense qu’il est approprié de poursuivre cette tradition. Dans ces compositions, je n’ai pas essayé d’être fidèle à l’histoire. Il y a si peu d’indices de ce que donnaient ces chansons il y a 800 ans, que tenter de recréer ce qui aurait pu s’entendre à l’époque ne pouvait qu’être hasardeux et discutable.
Pour la composition de ces chansons, je me suis servi de mon expérience d’interprète de musique médiévale authentique comme source d’inspiration, mais j’ai aussi puisé dans mon expérience d’interprète de musiques populaires de différentes cultures et dans mes origines ethniques libanaise et écossaise. Je pense que le style de ces pièces reflète l’époque et le lieu où nous vivons : 2013 à Montréal.
Je veux remercier tous les musiciens impliqués dans ce projet de leur soutien et de leur goût de l’aventure. Je veux aussi remercier La Nef, la Fondation Arte Musica et Analekta de m’avoir fait confiance et permis de réaliser ce projet. Merci également à Shannon Mercer d’avoir accepté de se lancer dans cette tâche colossale. Je me sens privilégié d’être aussi bien entouré. Ce projet est l’aboutissement de près de huit années de recherche et de composition. J’espère que le résultat rend justice aux trobairitz et à leur poésie.
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