Astonvilla - Extraversion (1999)

Ici, Aston Villa s’autoproclame nouveau souffle du rock français, et revendique son aversion pour les machines, et autres gadgets de studio. Le bagout et le culot sont donc à l’ordre du jour de ce deuxième album, qui se partage équitablement entre cohérence et énergie dévorante d’une part, et troubles existentiels de l’autre, fulgurances et angoisse.

On passe alors, curieusement, d'une névrose presque lycéenne (« Mâle, Vivant Mal ») à quelques turbulences, intimes et percutantes, toujours emmené par un chant timide et retenu : J'étais arbre dans sa bouche/Pour X raisons/Depuis je ne suis que souche/Dans la chambre du fond. Partout, néanmoins, on ressent la volonté affichée de capter l'époque, et ses castrations.

Pas d'atermoiements en revanche dans les musiques : soudé comme peut l'être un groupe qu'on laisse essentiellement s'exprimer, Aston Villa offre un authentique discours musical compact, et collectif. Dans « Peu importe », et à bien d'autres occasions encore, les Parisiens réinventent l'épaisseur dégraissé, la lourdeur sautillante, l'intrigue massive.

Naturellement, on les perçoit parfois comme écartelés entre racines (le single « J'en rêve », ou l'ombre du lick de guitare du « The End » des Doors) et tentations, ce goût pour un Noir Désir dont on aurait extirpé la majeure part de lyrisme.

Mais Aston Villa ose tout cela, et aussi les convictions militantes (« Cola People »), le catapultage des rythmes, et les reprises nichées au fond du couloir pour le plaisir (« J'aime Regarder Les Filles », de Coutin). Tout un catalogue de gemmes modestes qui les rendent précieux dans le panorama du rock français.