VA - De Béart à Béart(s) (2020) Hi-Res

Porté par ses deux filles Emmanuelle et Ève, cet hommage fleuve à Guy Béart (1930-2015) ne pouvait faire l’impasse sur la tendre innocence de L’Eau vive (Yaël Naïm et Emmanuelle Béart en duo), la délicate nostalgie d’Il n’y a plus d’après (Vianney), ou l’idéalisme enfantin des Couleurs du temps (Angélique Kidjo), le tout sur des orchestrations idoines. Pour l’incontournable Qu’on est bien (Thomas Dutronc et Emmanuelle Béart en duo), on sera surpris (agréablement ou non) par la tentative d’y apporter une couleur musicale énergique et bariolée, empilant trompettes de mariachis, tablas indiens et guitares méditerranéennes. Cette liberté musicale s’accorde avec le changement de paroles opéré par cette reprise, puisque le « sexe opposé » devient pour l’occasion le « sexe désiré ».

On reste dans le registre world music avec Allô tu m’entends ? et ses guitares hawaïennes (Brigitte), ainsi que Les Souliers (…dans la neige) et sa balalaïka (Catherine Ringer). Quant aux trois « éléphants » ayant répondu à l’appel (Julien Clerc, Alain Souchon et Maxime Le Forestier), ils ont choisi un son folk ou pop folk pour célébrer Béart et son inséparable guitare. À côté de ces reprises colorées mettant en lumière la tendresse et la simplicité de l’univers du chanteur d’origine égyptienne, on trouvera des pépites forgées par l’angoisse de la fuite du temps, et transformées ici en chansons mausolées aux sonorités fantomatiques et étrangement envoûtantes (Bal chez Temporel par Vincent Delerm, Vous (c’est vous) par Christophe, Chanson pour ma vieille par Clara Luciani, Ceux qui s’aiment par Pomme). C’est après que ça se passe (Carla Bruni) et Plus jamais (Emmanuelle Béart) auraient pu également être rangés dans ce curieux tiroir, mais leurs arrangements beaucoup trop sages font un peu retomber le soufflé. Terminons avec les deux grandes réussites de ce double album : une version revisitée/remixée de Qui suis-je ? (titré pour l’occasion Qui sommes-nous ?) par Akhenaton, et Fille d’aujourd’hui par Hollydays, dans une couleur électro-pop qui sied idéalement aux ritournelles simples et mélancoliques de Guy Béart.