Aurelie Cabrel - A la même chaîne (2014)

Dans le cas du deuxième album d'Aurélie Cabrel, il est difficile de ne pas parler de l'ombre enveloppante de son père. Bien que Francis Cabrel et sa fille ne soient pas de leur propre aveu sur la même longueur d'ondes artistique, l'auteur de l'impérissable « Je l'aime à mourir » offre ici trois chansons. Si ce legs en forme de coup de pouce attirera peut-être un certain nombre des centaines de milliers de fans de l'un vers l'autre, elles ne figurent effectivement pas parmi celles qui représentent le mieux Aurélie Cabrel.

Le dynamique « Lève les bras » accentue une ressemblance avec Zazie, « Bref, s'aimer » manque du phrasé particulier de Francis Cabrel pour en faire ressortir les mots, seul le folk de « Tout l'indiffère » sied mieux au teint de la jolie descendante. Ces trois chansons sont d'ailleurs placés parmi les quatre premières du disque, comme-ci Aurélie Cabrel voulait évacuer au plus vite ces cadeaux finalement embarrassants.

Sa collaboration avec Grand Corps Malade sur « A quoi tu rêves ? » est beaucoup plus probante et semble mieux s'amalgamer à l'univers de la jeune femme. Mais c'est surtout libérée de ces interventions extérieures qu'Aurélie Cabrel est la meilleure. Ses propres chansons - souvent écrites avec Esthen comme pour son premier album ou avec Olivier Béranger - la montrent en douce rockeuse (« A la même chaîne »), en artiste délicate et lucide (« C'est pourtant pas le paradis ») ou en amante inassouvie (« Te souviens-tu mon amour », « Reviens »).

Mais il était dit que la figure du patriarche flotterait jusqu'au bout sur A la Même Chaîne, puisque « Je ne suis pas jalouse » nous explique en guise de final ce que ressent une enfant dont le père est aimé de millions de personnes. Si elle n'en est pas encore là en terme de popularité, Aurélie Cabrel montre avec A la Même Chaîne qu'elle a bien brisé les siennes et que son prénom mérite autant d'être scandé que son illustre nom.