Francis Cabrel - Vise le ciel (2012/2013) [Hi-Res]

La perspective de consacrer tout un album à Bob Dylan, maître de la poésie rythmée, devait tarauder Francis Cabrel depuis un moment, lui qui n'a jamais caché l'admiration qu'il porte à l'une de ses influences majeures et s'est déjà hasardé à le reprendre en VF dans « S'abriter de l'orage » et « Elle m'appartient » (respectivement « Shelter from the Storm » et « She Belongs to Me »). C'est chose faite avec Vise le Ciel, révérence de onze chansons adaptées à la langue et au tempo français.

Il n'est pas donné à tout le monde de faire du « Bob Dylan made in France ». Le premier à s'être risqué à chaud en 1964 était Hugues Aufray, avec la complicité de Pierre Delanoë. Avec plus de recul, le troubadour d'Astaffort a visiblement pris un malin plaisir à piocher dans les classiques et déterrer en connaisseur quelques pièces gisant dans les soubassements de l'oeuvre. « Comme une femme » et « Je te veux » qu'il est presque inutile de citer en VO, côtoient donc des perles maudites comme « Quinn l'esquimau », « L'Histoire d'Hollis Brown » ou « Comme Blind Willie McTell », qui font les réussites d'un album mitigé.

Trop fidèle au verbe dylanien, Vise le Ciel ne fait pas décoller l'envie ni la verve quand il paraphrase « It's All Over Now, Baby Blue » en « Tout se finit là, bébé bleu ». De même que transcrire « All Along the Watchtower » en « Du haut de la tour du guet », ça manque de peps. C'est un peu l'obstacle de l'album qui tire Dylan vers la chanson et amoindrit au passage la fulgurance du débit et les cassures de rythmes du modèle. Ce compromis rarement contourné dans « Je te veux » ou « Quinn l'esquimau » a tout de même le mérite de creuser profond en proposant « We Ain't Going Nowhere », pardon « On ne va nulle part », « Un simple coup du sort » (« A Simple Twist of Fate ») et « Dignité » (« Dignity »).