Patrick Coutin - Industrial Blues (2001)

C'est là un artiste de la génération Capdevielle-Bashung. Il se retrouve d'ailleurs avec cet album à l'exacte intersection des deux. Consacré par le "grand" public 20 ans plus tôt grâce au tube "J'aime regarder les filles", il conserve les mêmes obsessions, mais la musique qu'il produit désormais est sensiblement moins réjouie et bien plus captivante. Déjà, avec l'idée géniale d'inviter l'un des guitaristes les plus inspirés de ces dernières décennies en la personne de l'éblouissant David Grissom, Coutin signifie clairement son choix de laisser parler un instrument essentiel du blues. Avec une écriture assurée, précise ("Jimmie j'aime"), qui renvoie sans hésitation à Bashung ("Frustration (je drague)") et aussi à une sorte de Lou Reed à la française ("N'oublie pas"), avec cette façon de chanter qu'a bien intégrée Rodolphe Burger aussi. Et toujours les notes exactes de David Grissom, qui viennent flotter entre les mots, avec un grain à peine rugueux et pourtant étincelant ("J'irai mourir un jour"). Cet album est probablement le plus convaincant publié par un artiste français depuis des mois car son auteur maîtrise comme personne la totalité de son art et parvient à une expression d'une sincérité absolue. Magique et bouleversant. -- José Ruiz