Jean-Louis Aubert - Aubert chante Houellebecq - Les parages du vide (2014)

Tombé sous le charme du dernier recueil poétique de Michel Houellebecq en allant chercher sa ration de clopes (dixit l'intéressé), Jean-Louis Aubert s'est mis en tête de mettre en musique seize passages de Configuration du dernier rivage, publié en 2013.

Aidé du producteur Jean Lamoot, connu pour avoir officié aux côtés de Bashung, Noir Désir ou Raphaël et monté le projet pop world Rivière Noire, l'ancien chanteur de Téléphone a donné une seconde vie à ces Parages du vide après leur composition dans un état de fièvre, en une dizaine de jours. Le résultat, très convaincant, n'enchante pas seulement Houellebecq qui a soutenu le projet jusqu'à sa promotion et déclaré à son sujet : « Le disque est encore mieux que mon livre. ».

Alternance de ballades en guitare acoustique (parfois espagnole sur « Novembre ») et de morceaux foncièrement rock tels le magnifique « Isolement » ou « Reflets du vide (matière) », c'est au bout du compte l'une des plus belles réalisations du musicien, qui pour une fois, trouve un auteur à la hauteur. En outre, et a contrario, la beauté évidente des textes - non retouchés -, laisse refléter les subtiles textures instrumentales qu'elle a inspirées. Notamment dans la mélodie enjouée et pleine d'espoir amoureux de « Voilà, ce sera toi » (« Entité non divine / Animal de tendresse »), considérée par Jean-Louis Aubert comme le plus beau texte d'amour qu'il ait chanté.

Constitué de morceaux dans l'ensemble assez courts, allant d'une quarantaine de secondes pour « La Traversée » à quatre minutes pour la « Face B » tourmentée qui ne demandait qu'à être sonorisée, le recueil musical à l'ambiance souvent intimiste s'offre une parenthèse avec les vignettes féminines « Lise », « Delphine » et « Joséphine », avant le rythme saccadé de « La Possibilité d'une île » et le dyptique « Roi de Bohême » / « Le Second secret ». Le défi d'adapter la prose en musique est réussi car rarement un livre audio n'aura été aussi touchant.